Il ne vous aura pas échappé qu’une banque américaine (la SVB) a fait faillite ; que le Crédit Suisse a été sauvé de justesse ou que les marchés financiers testent en ce moment la solidité de la Deutsche Bank.
Le monde bancaire se fissure et vous seriez en droit de vous en inquiéter.
D’autant que vous gardez sûrement en mémoire la crise de 2008, dite crise des subprimes, dont l’une des principales victimes – mais aussi auteur de la crise ! – a été la banque Lehman Brothers.
Cherchons d’abord à comprendre ce monde bancaire.
En 2008, nous avons découvert que les banques avaient pris l’habitude de jouer avec le feu (et notre argent). Qu’elles étaient susceptibles de prendre des risques inconsidérés – et de noyer le poisson dans des titres aux apparences trompeuses (les fameux subprimes).
En 2023, les causes ne sont plus les mêmes. Il ne s’agit plus de « malversations » bancaires mais des conséquences du changement de politique des banques centrales. Et notamment du relèvement de leurs taux d’intérêt en vue de combattre l’inflation.
Le risque principal qui pèse sur les banques aujourd’hui, c’est celui d’une panique de leurs clients, dont plus de 10% se présenteraient au guichet pour retirer leur argent en même temps.
10%, ce n’est pas la majorité… mais c’est à peu près ce à quoi les banques pourraient faire face.
C’est la différence avec 2008 : en 2023, les banques n’ont pas « joué » avec votre argent.
Elles l’ont placé (très partiellement, comme la loi les y oblige) de manière sécurisée, en obligations d’état. Sécurisé, parce qu’une obligation qui arrive à son terme vous garantie le remboursement du capital.
Le restant des dépôts, elles les ont transformés en financement (prêts) pour ceux et celles qui ont besoin d’argent. C’est d’ailleurs leur métier.
Mais que se passerait-il si un nombre significatif de clients décidaient demain de récupérer leur argent ?
La banque devrait donc vendre les obligations qu’elle détient avant terme.
A un moment où les taux d’intérêt remontent fortement – et où la valeur des obligations baisse de manière équivalente (voir le cours des obligations françaises à 10 ans ci-après).
Une demande d’argent « anormal » de la part des clients (par manque de confiance ou parce que les temps inflationnistes que nous vivons demandent de piocher dans ses réserves…) ; des placements financiers qui ont perdu en capital… et c’est une potentielle faillite bancaire.
Faut-il s’inquiéter à propos du monde bancaire ?
L’inquiétude, la défiance, la « perte de confiance » dans le système bancaire constituent bien les risques principaux qui pèsent aujourd’hui sur les banques.
Il serait donc préférable, si ce n’est de ne pas s’inquiéter, en tout cas de ne pas céder à la panique !
Nous avons vu, à petite échelle, ce que la peur pouvait créer avec les pénuries de carburant : la peur d’une pénurie accroît la pénurie puisque des personnes qui normalement n’auraient pas besoin d’aller faire le plein d’essence se précipitent à la station-service.
Retirer de l’essence… retirer de l’argent… les conséquences dans le monde financier pourraient être bien plus ennuyeuses !
Prenons l’exemple de la SVB : dans le cas de la faillite de cette banque, la banque centrale américaine est intervenue pour que les clients de la SVB ne subissent aucune perte.
Et même s’il n’y a aucune garantie, je crois qu’il en sera de même pour la banque centrale européenne. Tout simplement parce qu’il est compliqué de laisser l’ensemble du système s’effondrer… quand il « suffit » de fabriquer un peu plus d’argent et de le réinjecter dans le système pour qu’il tienne.
Une fuite en avant peut être, mais qui devrait permettre à ce château de cartes qu’on appelle le système financier et qui est essentiellement fondé sur la confiance – donc sur de l’insaisissable ! – de fonctionner encore quelques années.
Je ne crois pas à l’effondrement du système bancaire dans un avenir proche mais les turbulences sont quasiment inévitables. Parce que nous vivons un changement d’époque économique et que, comme tout changement d’époque, celui-ci entraînera, forcément, des ajustements.
Ajustements en termes d’emploi, ajustements en termes de faillites d’entreprises mais pourquoi pas également en termes de faillites bancaires, sauvées in extremis par la FED, la BCE ou autres.
Nous ne pourrons pas éviter les turbulences à venir. Mais nous pouvons nous y préparer au mieux.
J’ai écrit en début d’année un « Guide de Survie pour Temps Incertains » dans lequel vous pourriez trouver quelques conseils utiles pour cela. Car mieux vaut prévenir que guérir comme on dit ! Un Guide que vous pouvez vous procurer ici en suivant ce lien : https://nathaliecariou.com/guide
Explication très claire.
Conseil précieux : ne pas céder à la peur !
Merci beaucoup pour votre commentaire Françoise ! 🙂
Merci Nathalie pour ces informations concernant le systeme bancaire. C’est important d’avoir un avis eclaire et plein de bon sens en provenance de France. Mes informations viennent en majorite d’outre-Manche et d’outre-Atlantique et sont parfois dramatisees pour inciter a acheter un produit financier.
Avec grand plaisir 🙂