Pourquoi, selon vous, avons-nous tendance à opposer dans notre tête la richesse à la générosité ?
Pourquoi avons-nous tant de mal à imaginer que l’on puisse à la fois être riche et généreux ?
Je vais m’essayer à vous apporter quelques éléments de réponse.
D’abord il y a l’immense catégorie de ceux qui pensent que les riches se sont forcément enrichis sur le dos des autres : les gens riches sont donc des « rapaces », des « avides », des « égoïstes », des « sans cœur » … et on ne peut pas, forcément, être à la fois sans cœur et généreux !
Encore que …
Nos actes de générosité sont-ils toujours aussi généreux qu’ils y paraissent ?
Ou, autre manière de dire les choses,
combien y a-t-il d’actes gratuits dans nos actes de générosité ?
Car on peut donner pour bien d’autres raisons que par altruisme …
Je crois même que la générosité gratuite est quasiment de l’ordre de l’impossible pour les êtres égotiques que nous sommes (ndl : « égotique » veut dire qu’une partie de nous s’appelle l’égo … dont la fonction est en quelque sorte de « garantir notre survie » en tant qu’individu particulier pendant toute notre vie).
Pour quelles raisons ferait-on preuve de générosité, riche ou moins riche, si ce n’est par altruisme ?
Voici 7 raisons pour être généreux – et pas désintéressé (e) :
- Parce qu’on nous a appris, étant jeune, que c’était bien d’être charitable et de donner. En donnant, nous agissons selon nos principes.
- Parce que cela fait du bien à l’image que nous avons de nous-mêmes : généreux, partageurs, attentifs aux autres …
Ca ressemble à un acte gratuit mais ça n’est jamais que pour conforter notre image à nos yeux et à ceux du monde.
- C’est notre manière de nous débarrasser du problème : du sdf qui s’approche un peu trop près ; du jeune volontaire qui quête dans la rue pour une association humanitaire et qui s’accroche un peu trop …
Beaucoup plus facile de dire oui que je dire non en regardant l’autre dans les yeux.
Et donner est aussi une manière de dire oui.
- Renforcer l’idée qu’on est riche. Assez riche pour donner.
Ce n’est pas désintéressé non plus, mais au moins l’intention est bonne pour soi (et le don bon pour l’autre).
- C’est une excellente manière de se dédouaner de ne penser qu’à soi le reste du temps.
Une minute de générosité pour un océan d’égoïsme ! Le don comme manière d’acheter sa bonne conscience.
Je sais : ça a l’air cynique. Mais regardez-bien autour de vous !
- Par intérêt, selon l’adage que « celui qui donne recevra » multiplié par 10 ou par 100.
Ndl : méfiez-vous … ce n’est pas tout à fait vrai. Pour le coup, ça ne fonctionne que pour les actes gratuits !
- Pour éviter d’avoir à parler d’argent : et oui, il y a des gens qui donnent, au lieu de se faire payer, pour éviter d’avoir à affronter l’inconfort de l’affirmation de soi et de sa valeur.
Principes, image, conscience, idée à renforcer, problème dont on veut se débarrasser, intérêt, inconfort … voici plein de motifs qui sous-tendent notre générosité quotidienne … et qui n’ont rien à voir avec l’acte gratuit que l’on se plait à imaginer !
Sur ce terrain, donc, rien n’empêche un riche d’être généreux.
Et soit dit en passant, en matière de don, qu’est-ce qui compte le plus ?
L’intention ? ou le montant ?
Vivriez-vous de la générosité des autres, que préféreriez-vous ?
Que l’on vous donne 100 €uros de manière désintéressée – ou 1 000 €uros pour se donner bonne conscience ?
Mais parlons aussi de l’autre grande catégorie : celle de ceux qui ont de l’argent, ou qui en gagnent, ou qui voudraient en gagner, mais qui vivent dans une telle conscience de pénurie que « tout tourne autour de l’argent ». Qu’ils sont réellement incapables de lâcher prise, de faire acte de générosité et de gratuité.
L’acte gratuit … celui que l’on donne sans aucune arrière-pensée.
Sans idée de « retour sur investissement ».
La générosité pure, sans raison (ni client que l’on veut conquérir ; ni image que l’on veut soigner), totalement gratuite pour celui qui la reçoit – et peut être synonyme de temps ou d’argent pour celui qui la donne.
Une générosité que l’on pourrait qualifier parfois de gentillesse.
Celle qui s’oppose à cette phrase que l’on entend partout – et que je déteste, soyons clair ! : « le temps, c’est de l’argent ».
Vraiment ?
Dans quel monde vivons-nous si tous nos actes doivent être quantifiés sous forme d’argent en plus ou d’argent en moins ?
J’accompagne des particuliers dans leur relation à l’argent, mais aussi des entrepreneurs dans l’art et la manière de gagner de l’argent avec leur activité.
Et cette question de l’acte gratuit est un vrai challenge pour les entrepreneurs et dirigeants d’entreprise :
- Il y a ceux qui naviguent dans les eaux du « je donne, je donne, je donne et j’oublie carrément de me faire payer » … combien de temps avant qu’ils n’aient plus rien à donner ou plus les moyens d’être aussi « généreux » (en apparence, cette générosité, car il s’agit bien plus souvent d’évitement !).
- Et ceux qui, à l’opposé, ont intégré le don comme un outil marketing efficace. Ce qu’il est.
Mais s’il est un « outil marketing efficace », alors il est tout sauf un acte gratuit et généreux !
- Entre les deux, les entrepreneurs capables de se faire payer dans de bonnes conditions tout en continuant à donner gratuitement :
- au prospect qui ne deviendra jamais client ;
- au coaché qui a payé pour une heure et à qui on offre une demi-heure supplémentaire, juste parce qu’il en a besoin et qu’après tout pourquoi pas ;
- à celui ou à celle qui vous appelle pour vous parler de ses problèmes et à qui vous apportez une solution, juste parce que vous l’avez…
sont plutôt rares !
A quand remonte votre dernier acte vraiment gratuit ?
Et qu’avez-vous donné ? du temps, de l’attention, de l’argent ?
Dites-moi en cliquant sur le lien « commentaires » ce que vous évoque la notion d’acte gratuit.
Je vous souhaite à tous d’être riches et généreux.
Nathalie
Experte de l’Argent (et de la générosité … j’espère !).
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