Vivre de son travail :
une revendication légitime. Mais…
Les gilets jaunes sont une source de réflexion sans fin sur le rapport à l’argent,
le rapport au travail, la perception des inégalités, le rapport à la réalité, la représentativité de la chose publique,
etc.
C’est une aubaine incroyable pour moi qui travaille sur le rapport à l’argent – et donc au travail.
Pas de besoin d’être d’accord pour voir que le mouvement des gilets jaunes a eu le mérite de secouer les consciences, de sortir la France de sa torpeur attentiste pour amener ceux qui le souhaitent à réfléchir à leur vision du monde et à l’avenir – économique et démocratique – de notre société et nos croyances.
La revendication principale des gilets jaunes s’exprime de la manière suivante : « pouvoir vivre de son travail. »
En apparence, c’est une revendication que tout un chacun peut trouver légitime :
Qu’y a-t-il de mal à vouloir vivre de son travail ?
Mais est-ce financièrement et économiquement une si bonne idée ?
Se cache en effet, à l’affût de cette revendication, une croyance hélas répondue mais économiquement vouée à l’appauvrissement :
Celle qu’il faut travailler pour gagner de l’argent.
Que c’est la « seule » voix respectable pour le faire.
Même si le travail se fait de plus en plus rare au rythme de la disparition de notre tissu industriel ; même si le tsunami de l’intelligence artificielle qui se prépare [nous n’en sommes qu’au commencement] va aussi réduire les perspectives d’emploi dans le domaine tertiaire.
Au XIXème siècle et au XXème siècle, le progrès industriel a créé des emplois (industriels). Au XXIème siècle, rien n’est moins sûr !
Travailler pour gagner de l’argent
Le concept de revenu universel nous donne à réfléchir sur une autre voie possible : où chacun profite du progrès sans avoir à travailler à payer « à la sueur de son front ».
C’est un concept encore trop avant-gardiste pour la majorité des français – et qui vient heurter de front la croyance à laquelle beaucoup semble s’accrocher « qu’il faut travailler pour gagner de l’argent ».
Pourquoi ne pas travailler pour le plaisir ? pour contribuer à la société ? pour faire valoir ses talents ? pour apporter de la valeur au monde ? pour aider ? pour se sentir utile ? pour s’amuser ? pour se réaliser ?
Je crois au travail, dans le sens d’occupation ou d’activité – par opposition au farniente (l’être humain n’est pas fait, selon moi, pour n’avoir aucune activité) ; pas au travail dans le sens d’une activité qui doit nous permettre de ramener le pain quotidien.
Vivre de son travail ou du capital
Et si les gilets jaunes se trompaient en opposant travail et capital ?
S’il suffisait – puisque les actionnaires semblent de leur point de vue davantage favorisés que les salariés – de devenir à leur tour actionnaires ? Autrement dit, pourquoi ne pas aller chercher l’argent là où il se trouve ? Au lieu de lutter contre une réalité inéluctable ?
Cela résoudrait probablement les problèmes de fins de mois d’un certain nombre. Matériellement.
Et peut être plus largement cela permettrait-il de combler le fossé qui semble opposer en France les travailleurs et les capitalistes.
Rien n’empêche pourtant que ce soient les mêmes : travailleur le jour, capitaliste la nuit.
A condition d’abandonner la lutte des classes, d’arrêter de croire à une place immuable et pré-établie pour chacun.
A condition d’accepter que l’on puisse travailler pour autre chose que par nécessité et gagner de l’argent autrement qu’en travaillant.
Si nous avons décapité la royauté et instaurer la république, c’est bien pour que les opportunités de chacun ne soient pas dépendantes du groupe social auquel il appartient : paysan, journalier, commerçant, seigneur ou éclésiastique !
Messieurs et Mesdames les gilets jaunes, seriez-vous plus royalistes que le roi ?
Cet article se veut une ouverture à la discussion.
Commentez, donnez votre avis, partagez… mais toujours dans le respect et la bienveillance s’il vous plaît !
Laisser un commentaire
Participez-vous à la discussion?N'hésitez pas à contribuer!